En sortant un jeune secrétaire, tout aussi beau que nous, nous donne un billet de 50 euros en compensation. En retirant les 30 pour cent que je dois à Monsieur Claude il ne me reste à peine de quoi payer ma nuit d’hôtel. Demain j’espère qu’il me trouvera une nouvelle mission et que je n’échouerai pas.
Dépité, je me console en me disant que ce japonais avait beau être très riche il était vieux et fort laid, et je plains hypocritement ceux qui seront choisis. Ça ne m’empêche pas d’avoir la rage et d'être contrarié de n’avoir pas gagné plus d’argent ce soir. Je décide de me passer des bons services de Monsieur Claude et de tenter par moi-même d’augmenter mon capital. Je remonte donc les Champs-Élysées jusqu’à l’Etoile et là je prends la ligne 2 du métro jusqu’à Porte Dauphine. J’ai ouï dire que c’est le lieu de prostitution masculine, j’espère seulement que mes clients seront des hommes.
Tout au bout de cette immense Avenue Foch, je vois quelques silhouettes dans le noir. L’ambiance n’est pas rassurante. Quelque uns marchent, d’autres sont appuyés sur une barrière en bois. Alors que j’observe tout ça une voiture s’arrête à mon niveau vitre baissée, c’est une vulgaire Renault de gamme moyenne, ni neuve ni propre. Un homme que, caché dans l’ombre, je ne peux voir me demande :
- combien ?
Ça va un peu vite, je ne connais pas les us et les coutumes, pas mieux pour les tarifs, je pensais trouver quelqu’un pour me renseigner.
Je lui demande :
- heu, vous voulez quoi ?
Ma question est idiote, je sais ce qu’il veut, il veut m’enculer ou que je le suce. Il me dit :
- Tu fais quoi ?
- Je suce, c’est tout.
- Alors pourquoi tu demandes ? C’est combien la pipe ?
- Heu…
Il redémarre sans attendre ma réponse. Je n’aurai même pas vu son visage. Il continue le tour de la place et il s’arrête devant une silhouette cent mètres plus loin. L’arrêt est bref, la silhouette ouvre la portière, entre dans la voiture et l’auto disparaît. Il faut que je prépare mes réponses. Je demanderai 50 euros pour une pipe, ça me semble correct.