Nos bouches se séparèrent enfin, pas nos corps. Nous nous endormîmes dans les bras l’un de l’autre. Ce n’est qu’un long moment après qu’on revint à la réalité, bien plus collés qu’avant, notre sperme en séchant ayant parfait le collage de nos corps. Il était l’heure pour lui de partir. Il ne voulu pas se doucher pour ne pas effacer mon odeur et garder sur ses poils collés le souvenir de notre amour.
Alexandre repartit vers 19h30, il devait rentrer chez lui pour dîner avec ses parents. Une fois seul mais heureux dans ma chambre, je cherchai sur les draps le souvenir du parfum d’Alexandre. Je m’allongeai sur le lit pour me remémorer cette après midi merveilleuse, son toucher, son odeur, son goût. J’en voulais encore mais il n’était pas là. Mon érection reprit. Son toucher je ne pouvais que l’imaginer, son odeur flottait partout, son goût…
Je sentis tout à coup la culpabilité, le poids de deux mille ans de morale chrétienne dont le leitmotiv est de nuire au bonheur. Cette morale qui me faisait juger malsain ce qui devait contribuer à mon bonheur, ce qui était sain par dessus tout, ce qu'il y avait de plus naturel dans le monde, une des dernières choses naturelles qui restaient à l'espèce humaine et que la religion tentait de dénaturer et de corrompre. Je me révoltai contre elle et je voulus communier avec Alexandre à ma façon, sans confession préalable, sans dieu et sans ses curaillons parasites, juste Alexandre et moi. Je m’agenouillai comme à la prière devant le pot. Avec ma main droite je détachai un morceau de l’hostie qu’Alexandre avait déposé quelques heures plus tôt. Je le pris dans la paume de ma main gauche ouverte, tournée vers mon ciel à moi. Je placai ma main droite ouverte sous la gauche et je récitai mon sacrement :
- le corps d’Alexandre.
Puis du bout des doigts je pris ce morceau, le déposai sur ma langue et l’avalai en disant :
- amen.