Vendredi 13 novembre 5 13 /11 /Nov 19:27

Mon initiative fut appréciée par mon client et je repartis de chez lui avec un généreux pourboire, bien plus qu’attendu. Il avait tout spécialement apprécié la bouillon dont j'avais arrosé copieusement ses plats et qu'il n'avait encore jamais gouté. Je n’attendis pas d’être dans la rue pour rallumer mon portable et écouter le message d’Alexandre. Il était en pleurs et ne m’expliquait pas grand-chose sinon qu’il arrivait dés ce soir à Paris et me demandait si je pouvais l’héberger. Quelle question ? Bien sur que je le pouvais. Comment pouvait-il imaginer qu'il n'en soit pas ainsi. Je m’empressai de le rappeler pour le lui dire mais je tombai directement sur son répondeur, certainement qu’il ne pouvait capter le signal là où il se trouvait. J'étais angoissé, j’aurais aimé avoir une explication, savoir ce qui s’était passé, pourquoi il était dans un tel état. J’écoutai une seconde fois son message pour bien comprendre chaque mot mais aucun indice ne me mit sur la voie et ce ne fit qu'augmenter mon angoisse. Sa diction était entrecoupée de sanglots. Je m’en veux de ne pas lui avoir répondu et d’avoir coupé mon téléphone. Je m’en veux de cet argent gagné alors qu’il semble avoir tellement besoin de me parler. Je m’en voulus d’avoir négligé la personne que j’aimais par dessus tout pour quelques billets. Il me prit une rage contre cet argent si salement gagné que je voulus déchirer les billets, mais je n'en fis rien car il allait m'être bien plus utile si je les préservais, d'autant plus qu'une partie devait revenir à Monsieur Claude.

J'étais désespéré en rentrant chez moi. Je ne comptais pas ressortir jusqu’au soir et attendre patiemment de ses nouvelles. Puis je dramatisais. Ensuite je me disais que exagérais certainement, que ça ne devait pas être si grave que ça. Puis l’instant d’après je regrettais d’avoir pensé que ce n’était probablement pas grave et je craignais que ce soit au-delà de ce que je pouvais imaginer. Il me vint des sueurs froides. Tantôt j'étais optimiste, tantôt je m’en voulais de l’avoir été, tantôt je versais dans le pessimisme extrême. J'essayai à plusieurs reprises de le rappeler et je tombais inexorablement sur son répondeur. C'est le fait que c'était le seul moyen de communication avec Alexandre qui me retint de lancer mon téléphone avec rage contre le mur. Ne pas savoir me fit imaginer le pire. Le temps passait avec une lenteur insupportable. Quand allait-il appeler ? L’angoisse me saisit au ventre et je me mis à pleurer sur le drame qui arrivait et dont j’avais désormais la certitude.


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