Initiation

Je profitai de la somme gagnée pour agrandir ma garde-robe en m’achetant un beau t-shirt blanc avec énorme D et un énorme G noirs sur le devant comme j'en avais vu porter dans la rue, il me semblait que c'était à la mode. Pour compléter ma panoplie, je pris une ceinture dont la boucle était formée par les mêmes lettres de tailles imposantes. Je sortis fier comme tout du grand magasin sur les Champs-Élysées en enfonçant l’avant du t-shirt dans le pantalon pour bien laisser apparaitre la boucle de la ceinture. Je paradai ainsi avec un large sourire aux lèvres jusqu’à ce que je croise un autre garçon étalant ostensiblement sa boucle de ceinture comme je le faisais et je ressentis alors pleinement le ridicule de cette situation. Le ridicule ne tue pas sinon je serais mort foudroyé en pleine rue ce jour là. Si le ridicule tuait la Terre serait beaucoup moins peuplée qu’actuellement, peut être même que l’espèce humaine aurait disparu depuis longtemps. Je retirai donc le t-shirt de mon pantalon et le laissa tomber naturellement malgré qu’il cacha ainsi cette ceinture qui m'avait couté une petite fortune et que, par conséquent, j'aurais voulu exhiber.

Je ne pus m’empêcher malgré tout d’être fier de mes achats alors je allai les montrer dans le jardin du Luxembourg. Je choisis une chaise qui faisait face à la fontaine centrale et je m’y assis. Je faisais mine de m’étirer en croisant mes mains derrière la nuque ce qui avait l’avantage de relever le t-shirt et laisser apparaître la boucle qu’il cachait. Je passai mon temps à observer les gens. Celui-là somnolait. Tel autre lisait. Un autre faisait semblant de lire mais il matait par-dessus son journal. Plus loin, deux discutaient ensemble. Là bas un garçon et une fille s’embrassaient, il me sembla voir une bosse anormale dans la braguette du garçon. Pas mal circulaient de-ci de-là, cahin-caha, certains avec des écouteurs enfoncés dans leur oreilles. Je remarquai les œillades insistantes de jeunes filles qui n’auraient aucun égard de moi.

Tel garçon passa pour la deuxième fois devant moi, lorsqu’il vit que j’avais vu qu’il me regardait il détourna vivement les yeux en rougissant. Un énorme sourire éclaira mon visage. J’eus envie de rire lorsque je décelai le regard furtif qu’il me lança à nouveau. Il passa devant moi en regardant du coté opposé puis s’arrêta quelques dizaines de mètres plus loin semblant réfléchir. Je ne le lâchai pas des yeux, il devait avoir à peine dix-huit ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme. Je ne pouvais pas manquer le regard qu’il tenta de jeter dans ma direction. Puis il repartit d’une allure vive comme affolé par ce qu’il avait osé. Je me levai et le suivis en tentant de ne pas le perdre de vue parmi la foule de promeneurs. Près de la sortie du jardin il s’assit enfin sur un banc sans se douter que je l’observais. Alors je fis un grand détour pour m’approcher par derrière sans qu’il me voie et je m’installai sur le même banc le faisant sursauter de surprise. Il ne bougea pas même si j’eus l’impression qu’il allait se mettre à courir.

J’entamai la conversation :

- Belle journée, non ?

Mar 27 oct 2009 1 commentaire
J'ai rarement lu un texte aussi bien écrit dans cette catégorie d'histoire. (Encore qu'après les sites de rencontre, aligner 3 phrases sur un site gay passe pour un exploit)

Je me permet donc de vous signaler deux étrangetés de la fin de ce chapitre:
"il s’assit enfin sur un banc sans se douter pas que je l’observais." je pense que le "pas" est en trop.

"sans qu’il me voie", ne faudrait-il pas dire "sans qu'il ne me voie" ?
Je ne voudrai pas corriger un L, les études d'informatiques ne m'aident pas, mais cette tournure me surprend.

Avec mon admiration
A No Name
a_no_name - le 08/01/2010 à 03h26